Le sucre affecte-t-il la sérotonine et le glutamate présents dans le cerveau?
Je ne sais pas, mais selon moi la réponse est non. Outre une éventuelle augmentation de l’énergie qui ne serait pas spécifique à un système transmetteur, je ne vois pas comment une composante du sucre pourrait affecter le cerveau.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Existe-t-il un lien entre l’abus d’alcool ou de drogues et la consommation de sucre, comme les héroïnomanes qui, lorsque leur dose est insuffisante, se jette sur le sucre?
L’une des principales substances chimiques du cerveau responsable de la récompense et de l’accoutumance est la dopamine. Les joueurs compulsifs présentent une déficience en dopamine tout comme les personnes qui abusent des drogues. De la même manière, l’hyperphagie semble influer sur le niveau de dopamine. Une consommation élevée de sucre pourrait avoir les mêmes effets. Les gens disent toujours : «Qu’est-ce qui ne va pas chez moi? Je suis accro au sucre, c’est plus fort que moi». Ce n’est pas vrai. C'est parce qu'elles ont ont évité le sucre et les hydrates de carbone de façon chronique qu'elles sont ensuite incapables de se contrôler. C'est tout à fait normal !
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Lorsque des personnes atteintes d’anorexie se regardent dans un miroir, se voient-elles grosses?
Il s’agit en réalité d’un des mythes de l’anorexie. Les gens disent : «Qu’est-ce qui ne va pas chez elle? Ne voit-elle pas qu’elle est mince?» Mais dans des cas extrêmes, les patients ont une image déformée de leur corps, mais cela arrive uniquement dans des cas extrêmes, lorsque qu’ils sont si dénutris que leur cerveau ne fonctionne plus correctement. J’ai appris de mes patients qu’ils vivent dans une incertitude terrible : c’est comme s’ils se sentaient bien un moment, gras le moment suivant, puis trop minces un instant plus tard. Ils ne sont jamais sûrs; c’est pourquoi il leur si facile de basculer à la vue d'une frite ou deux. La seule métaphore qui me vienne à l’esprit est la suivante : imaginez que je vous emmène sur le toit d’un immeuble et que je vous place au centre afin que vous sentiez en sécurité, loin du bord. Mais si je fais la même chose en vous bandant les yeux et que je vous demande de faire quelques pas, vous pouvez imaginer à quel point cela pourrait être effrayant. C’est exactement ce que ressent une personne atteinte d’anorexie concernant son poids. Elle sait peut-être qu’elle est mince mais ne sait pas quand elle commencera à grossir. Et elle ne veut pas que cela arrive.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Comment trouver l’équilibre entre un physique agréable et un corps en santé?
Il existe un processus naturel qui se produit et qui va vous donner espoir: avec l’âge, nous avons tendance à prendre du poids. En vieillissant, nous sommes de moins en moins satisfaits de notre corps et plus particulièrement en fonction de certaines normes sociales qui définissent le «beau corps». Mais nous consacrons également de moins en moins de temps à notre image corporelle. Et celle-ci se détériore plus rapidement que notre satisfaction. Si vous vous sentez malheureux, gardez espoir : finalement, cela n’aura plus d’importance!
Ce problème comporte aussi un autre aspect très important qui est que nous vivons dans une société obsédée par le corps. Nous devons tous procéder à une introspection et questionner les valeurs que nous rattachons à la minceur. Les cliniciens, les parents et les jeunes enfants doivent faire cette recherche. Nous devons également faire des efforts pour mettre en place des initiatives sociales. Les programmes de prévention d’Eric Stice, par exemple, poussent le gens à se poser les questions suivantes : «Pourquoi est-il si important d’être mince?» et «Pourriez-vous imaginer un autre critère d’attirance que la minceur?» Je le peux, et je suis convaincu que vous en êtes tous capables. Mais pour cela, nous devons remettre nos croyances en question.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Est-il vrai que les personnes qui souffrent d’anorexie ont un niveau de cholestérol élevé?
Oui, cela peut être vrai. Lorsque c’est le cas, mes patients sont choqués. Ils disent : «Comment puis-je avoir un taux de cholestérol élevé en mangeant une branche de céleri ou des carottes?» C’est parce qu’en réalité, lorsque vous êtes en état de malnutrition, votre corps modifie la façon dont il transforme la graisse (sa propre graisse), ce qui donne l’impression d’avoir un taux de cholestérol élevé. C’est un peu ce qui arrive aux alcooliques qui souffrent de stéatose hépatique. La solution à ce problème est paradoxale: il faut manger plus, ce qui n’est pas habituel pour faire baisser son taux de cholestérol.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Si je suis satisfaite de mon corps pendant l’adolescence, y a-t-il un risque que je devienne anorexique ou boulimique en vieillissant ?
J’aimerais croire qu’une solide confiance en votre image corporelle vous prémunissent contre le développement d’un trouble de l’alimentation. J’espère que vous ne traverserez aucune expérience susceptible d’ébranler cette capacité à vous sentir bien dans votre peau même si vous n'êtes pas parfait. Cependant, même si nous les considérons comme des problèmes qui surviennent pendant la jeunesse ou l’adolescence, il arrive parfois que nous voyions tout de même des troubles de l’alimentation se développer plus tardivement. Si je vous demande de penser à une personne anorexique, quel est le stéréotype qui vous vient à l’esprit? Treize ans, quatorze ans? Vous savez, les troubles de l’alimentation surviennent surtout à l’âge adulte, et sont majoritairement constatés vers 28 ans. Nous les voyons même apparaître chez des femmes de 40 ou 50 ans. Mais oui, avoir une image saine de son corps pendant l’enfance est très important. Dans ce domaine, il existe de très bons programmes qui favorisent la prévention chez les jeunes en les poussant à remettre en question la valeur qu’ils accordent à la minceur et au poids. Il a été démontré qu’un programme très court de ce type réduit substantiellement le risque de voir apparaître un trouble de l’alimentation au cours des trois années suivantes. Adopter des comportements sains constitue donc une part importante du problème.
-Howard Steiger, Ph. D., 2009
Quels sont les effets de régimes répétés sur le cerveau?
Ils provoquent des dérèglements cérébraux. Je dis toujours à mes patients qu’ils devraient prendre un antidépresseur à chaque fois qu’ils font un régime. Puis, ils reviennent en disant qu’ils se sentent déprimés et qu’ils sont d’humeur instable. Alors, ils prennent l’antidépresseur; c’est comme un gros fumeur qui prendrait du sirop antitussif. Il ferait mieux d’arrêter de fumer. Il ne fait aucun doute que les régimes ont des répercussions néfastes sur le cerveau.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Existe-t-il une relation entre le cortisol et le poids?
Le cortisol est une hormone sécrétée par le cerveau en cas de stress. Son niveau varie donc en fonction de plusieurs facteurs, dont les régimes et le stress. Le cortisol ne participe pas uniquement à la régulation du stress mais joue également un rôle important dans la répartition de la masse adipeuse du corps, surtout dans la région abdominale. Par conséquent, les facteurs qui déséquilibrent le système de sécrétion de cortisol peuvent, chez certaines personnes et de façon unique, provoquer une accumulation de gras. Le stress est l’un de ces facteurs. Fait intéressant à souligner, les personnes qui souffrent de troubles de l’alimentation ont toujours un niveau élevé de cortisol. Et c’est parce qu’elles sont souvent stressées. Elles traversent une détresse émotionnelle en plus d’avoir faim, ce qui stresse également l’organisme. Elles se retrouvent donc dans une situation dans laquelle ce qui devait être régulé par le cortisol est désormais déséquilibré.
- Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Le nombre d’hommes insatisfaits de leur corps a-t-il augmenté?
Pour les hommes, l’idéal n’est pas d’être minces, mais de paraître forts, musclés et d’avoir un ventre plat et tonique (« six packs »). Cet idéal ouvre le marché pour les boissons protéinées et toutes sortes d’autres produits. Et maintenant, c’est au tour des cosmétiques à faire leur apparition. Influencer les hommes à changer leur apparence est profitable pour l’industrie. Les hommes sont donc devenus une cible. L’industrie les poursuit de façon épidémique, mais jamais comme les femmes. L’industrie vise maintenant les jeunes garçons et leur dicte des normes pour qu’ils se sentent insatisfaits d’eux-mêmes.
-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013
Existe-t-il des troubles de l’alimentation et des problèmes d’image corporelle chez d’autres cultures que nord-américaine?
Je viens de lire une étude qui démontre que les jeunes femmes des Émirats arabes unis sont devenues complètement obsédées par leur image corporelle, car elles sont exposées aux mêmes idéaux culturels que nous et, de plus, elles subissent leurs propres pressions reliées à leur identité et à leur difficulté à s’imposer. En fait, ce qu’ils ont trouvé est que le taux d’anorexie est approximativement dix fois plus élevé qu’au Royaume-Uni. De toute évidence, votre culture peut vous protéger jusqu’à ce que notre culture nord-américaine intervienne. De nos jours, il est très difficile de ne pas être exposé à notre culture.
-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013
Quelle est l’influence des médias sociaux sur l'image de soi et jusqu’où peut-elle s’étendre?
L’influence des médias sociaux peut être considérable, mais pour l’instant, mes lectures ne sont pas encourageantes. En moyenne, les filles passent approximativement une heure et demie sur Facebook et MySpace. C’est vraiment une mesure de comparaison sociale. La pression exercée par les pairs est très importante. Tout est dans l’apparence physique, combien d’amis vous avez, à quoi ils ressemblent et le genre de photos que vous affichez. De nouveau, les jeunes filles vulnérables peuvent être à risque, leur estime de soi peut en souffrir et la pression de se conformer aux normes demeure constamment présente.
-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013
Pourquoi les régimes sont-ils responsables de l’augmentation du taux de troubles de l’alimentation?
Il est très difficile de perdre du poids. La raison est que nous avons tous un « plateau pondéral » qui nous appartient personnellement. Si nous mangeons normalement, lorsque nous avons faim, nous maintiendrons ce poids. Si nous faisons plus d’exercices, nous pourrions avoir plus faim. Si nous mangeons trop, nous pourrions avoir moins faim le jour suivant. Notre corps se régule de façon naturelle. Ce n’est pas naturel d’astreindre notre corps à une diète. Et parce que nous combattons la nature, il est très difficile de maintenir les résultats. Et lorsque nous réussissons à maintenir la diète une semaine, deux semaines ou un mois de façon non naturelle, notre cerveau se met en mode famine. C’est comme s’il nous disait « qu’es-tu en train de me faire? ». Ainsi, lorsque nous recommençons à manger à notre faim, notre corps emmagasine un peu de nourriture pour pallier la prochaine restriction.
-Mimi Israël, M.D., FRCP, École Mini Psy 2013