Une personne qui souffre du syndrome de l’imposteur peut-elle le surmonter?
Le syndrome de l’imposteur est un phénomène psychologique qui empêche les personnes qui en souffrent de se sentir adéquates ou dignes de confiance. L’un des avantages que j’ai en tant que psychologue c' est que les gens me disent réellement ce qu’ils pensent. Et la réponse que je donne le plus couramment –qui est aussi la plus honnête–est que leurs pensées sont tout à fait normales. Nous connaissons tous des périodes d’anxiété et de doute. Mais comme nous ne pouvons par lire dans les pensées des autres, nous avons tendance à penser que tous ceux qui semblent très confiants en eux le sont réellement. En réalité, ils ne le sont pas.
Donc oui, selon moi, il s’agit simplement d’une question de confiance en soi, et dans presque toutes les thérapies, la seule chose sur laquelle nous travaillons vraiment est la confiance. Je dis toujours que s’il existait une pilule pour la confiance en soi, je n’aurais plus de travail. Le syndrome de l’imposteur n’est en fait qu’un problème de confiance en soi. Nous avons tous nos forces et nos faiblesses et il faut apprendre, en quelque sorte, à renforcer nos faiblesses. Nous ne sommes pas différents des autres aussi souvent que nous le pensons.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2009
J’ai entendu dire que le trouble de stress post-traumatique (TSPT) persiste de six mois à un an, mais que dans certains cas, il peut persister plus longtemps. Qu’en est-il réellement?
Premièrement, il faut distinguer le TSPT d’une réaction normale au stress. Le rétablissement après un événement traumatique, tel que la perte d’un être cher, un viol ou même un accident automobile, varie d’une personne à l’autre; on ne peut donc pas établir de normes. Dans un TSPT avéré, la personne peut sembler aller mieux, puis elle peut commencer à revivre les horreurs qu’elle a traversées en souffrant de cauchemars ou en ressentant le besoin envahissant de tenter d’éviter à tout prix que l’événement ne se reproduise. En l’absence de traitement, ces symptômes peuvent persister toute la vie. Le stress et les traumatismes normaux s’estompent généralement chez la plupart des gens. Seul un faible pourcentage de personnes développera un trouble plus grave.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010
Chez les adolescents, les comportements agressifs peuvent-ils aussi masquer un trouble anxieux ou la consommation de drogues?
Parfois, les comportements agressifs ne sont que des comportements agressifs. Par contre, oui, un trouble anxieux peut influencer la patience et les autres comportements. Si je suis très stressé, je vais avoir tendance à perdre patience plus rapidement et je peux devenir plus agressif qu’à la normale. Il y a évidemment des gens qui développent des problèmes de consommation. Beaucoup de gens consomment, mais chez les personnes anxieuses, on voit plus de dépendances que chez les gens normaux. Cela est dû souvent au fait que ces personnes s’auto-médicamentent parce qu'elles se sentent mal. Les gens qui sont incapables de lâcher prise, veulent trop contrôler, sont incapables de laisser aller, ont plus tendance à dire qu’ils ont besoin d’un médicament qui leur sert de béquille. Donc, un somnifère pour dormir, un tranquillisant pour se calmer ou de l’alcool pour se désinhiber. La tendance est alors d’avoir plus de problèmes, mais les problèmes de consommation ne sont pas tous causés par l’anxiété. Cela peut toutefois être un facteur pour certaines personnes.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010
Quels sont les symptômes physiques d’une attaque de panique?
Bien que les symptômes varient d’une personne à l’autre, les symptômes courants sont les maux de tête, les étourdissements et le serrement à la poitrine. Ces symptômes représentent la réponse de l’organisme au stress, une réponse qui peut aussi être déclenchée par la perception d'un stress. Se concentrer sur une seule région du corps peut parfois aggraver le symptôme. Par exemple, si vous ressentez une oppression à la poitrine, vous respirerez plus profondément pour tenter de vous calmer et obtenir plus d’oxygène. Or, cette réaction conduit rapidement à l’hyperventilation, laquelle mène à la panique. Le paradoxe est que vos efforts pour vous calmer provoqueront des symptômes extrêmement alarmants.
-Camillo Zacchia, Ph.D., École Mini Psy 2010
Y a-t-il plus de risque de développer un stress post-traumatique lorsqu’on vit l’événement, plutôt que d’en être témoin?
Cela ne change probablement rien; la réaction d’une personne dépendra probablement de l’intensité du traumatisme. De toute évidence, si vous participez à l’événement, votre expérience sera assez intense; cependant, si le simple fait d’en être témoin vous cause un choc important, il est possible que vous subissiez un TSPT d’une intensité semblable.
-Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012
Si une personne qui a souffert d’un traumatisme « se ferme » pour se sentir en sécurité, comment peut-elle « se rouvrir »?
Ce n’est pas nécessairement un acte conscient; cela peut se faire tout seul, avec le temps. Par exemple, les gens qui travaillent dans des domaines risquant d’entraîner des traumatismes (comme les gens qui travaillent auprès de cadavres) peuvent avoir un « interrupteur » qui les aide à composer avec la mort. Il peut y avoir des événements qui placent cet interrupteur en position « éteinte ». Pour le rallumer, les seules solutions sont parfois, le temps et apprendre à composer avec les problèmes ou les circonstances qui ont déclenché le traumatisme.
Si cela ne se fait pas naturellement, la personne devra alors chercher à obtenir un traitement. Pour beaucoup de gens, un antidépresseur constituera un traitement efficace aux troubles anxieux, y compris le TSPT, puisqu’il atténue l’intensité des émotions. Ainsi, la personne pourra affronter ses craintes. L’objectif est toujours de faire face à ses craintes, dans un état moins émotif. Cela peut se faire par une thérapie d’exposition, avec EMDR (intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires), ou par des antidépresseurs, afin d’atténuer les émotions. L’objectif est le même dans tous les cas. Il faut progressivement reprendre le cours de sa vie et affronter ses peurs.
-Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012
Dans quelle mesure la « culpabilité du survivant » joue-t-elle un rôle dans le trouble de stress post-traumatique?
C’est très fréquent, particulièrement si la personne que vous avez perdue dans un accident de voiture où vous conduisiez, est un jeune membre de la famille. Cela peut vous faire sentir partiellement, ou entièrement responsable. Essayer de convaincre les gens que c’était un simple accident et que ce n’était pas leur faute est très difficile. Malheureusement, beaucoup de gens finissent par se sentir mal, surtout s’il s’agissait d’un proche ou d’une personne qu’ils aimaient. C’est une caractéristique courante du TSPT, et l’un des éléments que nous traitons au moyen d’une approche plus collaborative afin d’amener les gens à faire face à leurs émotions et à leurs peurs et à composer avec leur perspective.
- Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012
Pourquoi sommes-nous capables de contrôler certaines peurs (p. ex., celle des serpents) mais pas certaines autres comme voir quelqu’un qui nous rappelle un événement traumatisant?
En fait, les peurs sont différentes pour chacun. Certaines personnes ont peur des serpents, alors que d’autres craignent les araignées. Un remède pour l’un, sera un poison pour l’autre. Il est également étonnant de constater qu’une personne peut être complètement dominée par une peur, mais qu’elle sera incapable de comprendre l’anxiété d’une autre. Une personne peut avoir une peur bleue de prendre l’autobus, mais ne comprendra pas que quelqu’un d’autre ait peur des aiguilles. En général, ces peurs sont une manifestation de notre peur de mourir, de nous rendre ridicules ou de perdre l’esprit.
-Camillo Zacchia, Ph. D., École Mini Psy 2012