10-03-2008
Lors d'un séjour d'un an en Angleterre en 2008, Eric Latimer, Ph.D., a rédigé un blogue, un outil de réflexion et de partage sur l'efficience des services de santé mentale en Angleterre, au Canada et ailleurs dans le monde.
Je reviens d'une présentation bondée faite par le professeur David Clark de King's College London, sur la nouvelle politique du gouvernement anglais de financer une expansion massive du nombre de personnes capables d'administrer des thérapies cognitivo-comportementales: d'ici 2010/2011, on planifie la formation de 3 600 thérapeutes additionnels. Le financement augmentera progressivement au cours des 3 prochaines années fiscales pour atteindre 173 millions de livres sterling en 2010/2011. Lire les détails.
Cette politique ambitieuse est issue d'une présentation de Lord Richard Layard, un économiste de renom, qui il y a 3 ans faisait valoir au cabinet des ministres du Royaume-Uni que les maladies mentales courantes (surtout anxiété et dépression) étaient très coûteuses, et qu'une partie significative de ces coûts pourrait être réduite si l'accès aux thérapies cognitivo-comportementales était accru.
Sagement, le gouvernment a d'abord tenté l'expérience dans deux régions circonscrites. Des thérapeutes ont été formés avec soin, et on y a donné accès à la population sans avoir besoin de passer par l'omnipraticien, ce qui est contraire au fonctionnement habituel du NHS.
Les résultats ont été suffisamment concluants pour que le gouvernement annonce, le 26 février, cette nouvelle politique.
Le gouvernement vise une formation très serrée des nouveaux thérapeutes, et un suivi continu de leur efficacité (évaluation des effets lors de chaque séance de traitement).
Fait intéressant, ces nouveaux thérapeutes ne seront pas saupoudrés à l'intérieur de chaque Primary Care Trust (voir mon premier article dans ce blogue). Ils seront plutôt concentrés dans un nombre plus restreint de PCTs, de façon à conserver dans chaque cas un noyau solide. (Les PCTs intéressés devront soumettre une proposition détaillée.)
Encore une fois, la population aura accès à ces équipes sans avoir besoin de passer par un omnipraticien. Cliniquement, on commencera avec des approches plus légères, auto-administrées, les approches plus intensives étant réservées aux personnes qui en auront besoin.
Il vaudrait sans doute la peine pour le Québec d'envisager sérieusement cette voie, qui pourrait être appliquée en localisant de telles équipes dans une partie des CSSS. Cela serait d'autant plus pertinent que l'efficacité générale des antidépresseurs SSRI, tels Prozac, en comparaison avec un placebo, est maintenant sérieusement mise en doute.
(À ce dernier sujet, la couverture du Guardian de la méta-analyse publiée il y a deux semaines m'a semblée fort équilibrée).