03-02-2009
Une conférence de trois jours, se déroulant la semaine dernière à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, a étudié les effets des catastrophes naturelles, tels les ouragans, les inondations et les tempêtes de verglas, sur la santé mentale. Selon les experts présents, le stress occasionné par le fait de vivre l’un de ces cataclysmes peut avoir des conséquences extrêmement graves. Il fut discuté, entre autres, de l’épreuve vécue par les femmes enceintes durant ces catastrophes et qui a des répercussions sur le développement et le bien-être à long terme de leurs enfants.
De plus, les experts ont abordé les stratégies visant à soutenir les futures mères durant des périodes de crise et à aider leurs enfants à s’adapter en douceur. Le but ultime de la conférence était de développer un plan visant à déterminer la meilleure façon de diriger les recherches sur les femmes enceintes durant des catastrophes naturelles, et ainsi mettre sur pied les interventions adéquates.
Les experts présents à la conférence de presse du 30 janvier:
• Suzanne King, Ph.D., directrice de la division de recherche psychosociale de l’Institut Douglas et professeure agrégée du département de psychiatrie de l’Université McGill, a présenté des résultats sur les effets à long terme du stress maternel prénatal sur les fonctions cérébrales de leurs enfants.
Ses travaux sur les effets à long terme du stress prénatal sur le développement de l’enfant
Lors de sa toute dernière recherche, Suzanne King a fait la démonstration que les enfants nés de mères ayant vécu un stress intense (au cours de la tempête de verglas de 1998 au Québec) ont obtenu une note de Q.I. moins élevée et des performances linguistiques plus faibles que ceux dont les mères avaient vécu moins de stress. Suzanne King suggère que des structures cérébrales particulières peuvent être vulnérables au stress maternel à un stade précoce. Elle étudie également les façons dont les facteurs de risque pour la schizophrénie, tels que le stress prénatal, les complications obstétriques, les traumatismes subis durant l’enfance et l’usage de cannabis avant l’apparition de symptômes, influencent les apparitions de la maladie chez les personnes souffrant de schizophrénie.
• Stacy Overstreet, Ph.D., professeure agrégée au département de psychologie de l’Université Tulane et directrice du programme de troisième cycle de la School of Psychology, a passé en revue les connaissances actuelles en matière d’impact des catastrophes sur les enfants. Tout en se référant à son étude sur l'après-ouragan Katrina, elle suggère que les catastrophes naturelles représentent un risque important chez les enfants de développer un problème de santé mentale.
Ses travaux sur les suites de l’ouragan Katrina
Un an après l’ouragan Katrina, Stacy Overstreet a pu observer que 55,3 % des enfants vivant dans des logements subventionnés au Mississipi ont connu des difficultés émotionnelles ou comportementales inexistantes avant cet événement. De plus, 21 mois après cet ouragan, une dépression, de l’anxiété ou un trouble du comportement a été diagnostiqué chez 25,4 % des enfants habitant le Mississipi et chez 37,1 % de ceux résidant en Louisiane. Elle suggère que services continus, de la prévention à l’intervention, soient mis sur pied pour aider les personnes dans le besoin. Stacy Overstreet a mobilisé les programmes de psychologie des écoles afin de répondre aux besoins en matière de santé mentale. Ces programmes ont fourni des évaluations psychologiques, des thérapies individuelles et de groupe ainsi qu’un cursus à la grandeur des écoles en vue d’aider les jeunes à composer adéquatement avec des expériences stressantes et traumatisantes.
• Gordon McBean, Ph.D, CM, MSRC, Prix Nobel, est professeur et directeur des sciences politiques à l’Institut de Prévention des Sinistres Catastrophiques de l’Université de Western Ontario et également président du conseil d’administration de la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère. En tant qu’auteur principal et éditeur-réviseur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Gordon McBean a partagé le prix Nobel de la paix 2007 avec le GIEC.
Son point de vue sur ce que le Canada doit faire afin d’être mieux préparé aux changements climatiques
Gordon McBean a discuté des effets que les conditions météorologiques extrêmes et les évènements reliés à ces conditions (tempêtes, inondations, etc.) peuvent avoir sur la santé de la population et comment les changements climatiques augmenteront les risques que ces évènements se produisent. Il a fait remarquer que les Canadiens doivent être mieux préparés et que des processus doivent être mis en place afin de réduire notre vulnérabilité aux changements climatiques et à leurs impacts. Il a souligné que les enfants peuvent être particulièrement vulnérables aux désastres naturels parce que leur perception du danger n’est pas complètement développée. Ils ont besoin d’aide pour se protéger et adopter des attitudes préventives. Ils sont sensibles aux maladies liées à l’eau et à la nourriture parce que leurs défenses immunitaires sont en développement, tout comme leur capacité à réguler leur température (jusqu’à un an).
• Tomas Paus, M.D., Ph.D., chaire en neuroscience cognitive expérimentale et directeur du Brain and Body Centre de l’Université Nottingham ainsi que professeur associé au département de neurologie et neurochirurgie à l’Université McGill, a discuté des outils d’imagerie cérébrale.
Ses travaux sur les outils d’imagerie cérébrale servant à étudier les comportements du cerveau
Le Dr. Paus est un expert dans l’imagerie du cerveau humain par l’utilisation d’une panoplie d’outils, dont la tomographie par émission de positrons (TEP), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la magnétostimulation transcrânienne (MST). Dans le cadre de ses recherches actuelles, il utilise des outils d’imagerie cérébrale lors d’études basées sur une population qui examinent la relation entre le cerveau et le comportement durant l’adolescence.