13-12-2007


Leader naturel, Gaëtane Pitre a tout ce qu'il faut : l'intelligence, la détermination et de solides principes éthiques. Au lieu de diriger une entreprise ou de faire de la politique, elle utilise ses forces pour aider les personnes souffrant de maladies mentales graves à devenir le plus autonome possible.

Avec son mari, Raymond, Gaëtane gère une résidence d'accueil qui héberge neuf personnes, au premier étage d'un triplex de la rue de l'Église, dans Côte Saint-Paul. Cet endroit est un lieu confortable et accueillant, d'une propreté irréprochable, décoré de tableaux réalisés par ses résidants. Cette maison baigne dans une atmosphère amicale de travail d'équipe et de respect mutuel entre Gaëtane et les personnes dont elle prend soin.

Gaëtane et Raymond tiennent cette résidence d'accueil depuis 1985. Ils ont une fille âgée de dix ans et deux fils adultes dont l'un vit à l'étage supérieur, avec sa famille. Aux yeux de Gaëtane, de Raymond, de leurs enfants et de leurs petits-enfants, les résidants font partie de leur famille élargie. Lors de fêtes comme Noël et l'Action de grâces, tous célèbrent ensemble.

« Donnez-moi une bonne raison »

Gaëtane est incapable de tolérer les préjugés auxquels sont confrontées les personnes souffrant de maladie mentale : « Donnez-moi une seule bonne raison pour laquelle ils ne devraient pas faire partie de notre communauté. La maladie mentale peut frapper quiconque, à n'importe quel moment. Riches ou pauvres, nous sommes tous fragiles. »

Elle met ses principes en action. Ainsi, il n'est pas rare que Gaëtane pige dans son propre portefeuille pour amener ses résidants à des activités auxquelles, autrement, ils n'auraient pas les moyens de prendre part. Elle n'hésite pas à faire appel aux services de deux taxis en plus d'utiliser sa propre voiture pour s'assurer que tous participent.

Elle est déterminée à créer des occasions pour que ses résidants passent du bon temps, au cinéma, aux quilles, à la cabane à sucre ainsi que dans les épluchettes de blé d'Inde du quartier : « Plus les autres citoyens auront l'occasion de voir des personnes atteintes de maladie mentale actives au sein de la communauté, plus ils réaliseront qu'il s'agit tout simplement de personnes comme vous et moi.

Cruauté et fond de cafetière

Parfois, Gaëtane constate que ces stigmates prennent la forme de la cruauté et de la cupidité : «Un jour, l'un de mes résidants est allé se faire couper les cheveux. Il a rencontré un commerçant qui lui a dit qu'il lui couperait les cheveux ET qu'il lui offrirait un café pour le prix d'une coupe de cheveux professionnelle. Après avoir pris l'argent du résidant, il lui a coupé les cheveux à la hâte et lui a servi le fond de sa cafetière. Nous sommes heureusement parvenus à récupérer son argent. Nous ne devons avoir aucune tolérance pour ce genre d'attitude, en vertu de laquelle on se permet de croire que les gens atteints de maladies mentales constituent des « cibles faciles ». Si vous êtes confrontés à des problèmes de ce genre, exprimez-vous. Ensemble, créons une société plus ouverte d'esprit et mieux éduquée au niveau social.»

Les bénévoles sont essentiels

Gaëtane aimerait en faire plus pour améliorer la qualité de vie de ses résidants : «Je les encourage à aller dans la communauté. Certains d'entre eux doivent être accompagnés par quelqu'un. Ainsi, j'ai toujours besoin de bénévoles car je ne parviens pas à tout faire moi-même.»

Ne pas tolérer l'injustice

Gaëtane a toujours défendu les personnes dans le besoin. Aînée d'une famille de six enfants, elle a toujours défendu ses frères et soeurs dont l'un souffrait d'un handicap intellectuel léger. Elle se souvient : «Lorsque je suis entrée à l'école primaire, j'ai également défendu les enfants qui étaient victimes d'intimidation dans la cour d'école ou en classe. Je ne peux pas tolérer l'injustice.»

À l'âge de 15 ans, Gaëtane a commencé à travailler dans un foyer pour personnes âgées. Son employeur avait été frappé par son énergie et son leadership. Elle se rappelle d'avoir demandé à travailler avec les patients les plus difficiles puisque leurs succès l'inspiraient beaucoup plus.

« Je n'emprunte pas la voie la plus facile, explique Gaëtane. Les chemins les plus sinueux sont les plus gratifiants. »

En un mot ou deux…

Quel mot décrit le mieux la maladie mentale?
Vulnérabilité.

Quel film a eu le plus d'influence sur votre vision de la maladie mentale?
Vol au-dessus d'un nid de coucou.

Comment préservez-vous un mode de vie équilibré?
Je passe du temps avec ma famille et je lis des ouvrages sur la spiritualité.

Qui fait, à votre avis, un travail hors pair pour démystifier la maladie mentale?
Les artistes souffrant de maladies mentales qui font la promotion de la santé mentale et partagent leur expérience.

Croyez-vous que le Douglas sera encore là dans 125 ans? Oui, pour la recherche et l'enseignemente.

Un mot pour décrire le Douglas?
Innovation et création .