13-06-2003
À compter du lundi 16 jusqu’au jeudi 19 juin prochain, 40 des plus éminents chercheurs au monde dans le domaine de la recherche sur la périnatalité et ses conséquences se réuniront à l’Hôtel Delta Centre-Ville de Montréal dans le cadre du symposium « Mother and Infant : Perinatal Influences on Health » (Mère et enfant : les influences périnatales sur la santé) et dévoileront leurs plus récents résultats de recherche sur le sujet.
Trois des nombreux sujets d’intérêt (Ce symposium est ouvert aux médias, sur réservation, pour toute sa durée.)
1. La programmation biologique et physiologique de l’enfant influencée par des événements avant la conception
Il est maintenant possible d’établir un lien entre la sous-alimentation chez la mère avant et pendant la période de la conception et les risques accrus de naissance prématurée. En effet, de nouveaux résultats de recherches effectuées entre autres par le Dr Peter Gluckman, démontrent que non seulement les facteurs de stress ou modifications environnementales qui surviennent pendant la grossesse affectent le développement du foetus mais qu’aussi des facteurs nutritionnels avant la conception pourraient jouer un rôle important. Les recherches du Dr Gluckman, effectuées sur des moutons, démontrent que la sous-alimentation avant la conception agit sur la production, par le foetus, d’une hormone nommée cortisol, hormone qui signale le début de l’accouchement chez le mouton. L’hormone cortisol est secrétée par la glande surrénale, elle est responsable et coordonne, avec l’adrénaline la réaction de l’organisme au stress. Ainsi, le foetus à risque, aurait dans le dernier tiers de sa gestation, plus de chances de subir une augmentation de cortisol, en raison de la sous-alimentation de la mère avant sa conception. Cette augmentation de cortisol et le stress ainsi déclenché provoqueraient à leur tour des contractions pour mener à une naissance prématurée. Si cette étude est applicable au genre humain, une attention particulière portée à l’alimentation avant la conception pourrait prévenir une des causes principales des naissances prématurées.
Un invité de marque, le Dr Gluckman, du Liggins Institute, de l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, présentera sa conférence, intitulée : “The Early Origins of Health and Disease : A Biomedical and Clinical Perspective to an Epidemiological Hypothesis » (Les origines périnatales de la santé et des maladies : une perspective biomédicale et clinique portée sur une hypothèse épidémiologique), mardi, le 17 juin à 8 h 30 à l’Hôtel Delta Centre-Ville situé au 777, rue University à Montréal.
2.L’instinct maternel plus fort que les drogues
Les mères et les futures mères seraient plus susceptibles de ne pas consommer des drogues dangereuses, comme la cocaïne, en raison de facteurs biologiques qui rend l’instinct maternel plus fort que tous les plaisirs procurés par les drogues. C’est du moins ce que laissent croire les recherches effectuées par le Dr. Joan Morrell, professeure de neurosciences à l’Université de Rutgers à Newark (USA). « Les résultats de nos recherches sur les animaux suggèrent fortement qu’ils existe des facteurs biologiques qui permettent aux rates mères et par corrélation, aux mères humaines, de choisir de protéger leur nouveau-né plutôt que le plaisir provenant d’une drogue illégale » explique Joan Morell. Des études ont démontré que les mères qui consomment des drogues illégales choisissent plus fréquemment de se soumettre à des traitements de désintoxication lorsqu’elles sont enceintes ou lorsqu’elles viennent tout juste d’accoucher. Ainsi, ce comportement maternel qui est de choisir l’enfant plutôt que les drogues serait non seulement aux pressions sociales mais serait également le résultat de changements biologiques au niveau du cerveau.
Ces nouvelles découvertes pourraient amener à identifier l’hormone qui cause la préférence pour l’enfant plutôt que celle pour les drogues. L’identification de cette hormone pourrait fournir une option alternative pour prévenir et traiter l’abus de drogues. La prochaine étape de cette recherche consiste à définir les régions du cerveau qui sont activées par les préférences pour la cocaïne et celles qui sont activées par les préférences pour les nouveau-nés. Par la suite, l’étude des changements chimiques dans ces régions spécifiques permettra d’identifier les substances chimiques représentant une alternative possible pour le traitement des abus de drogues.
La conférence du Dr Morell, intitulée “The Motivational State Of The Maternal Female Rat: Characteristics And Neural Substrate.” (L’état de motivation de la mère rate : caractéristiques et substrats neuraux) sera présentée, mardi, le 17 juin à 14 h 15 à l’Hôtel Delta Centre-Ville situé au 777, rue University à Montréal.
3. Des relations parents-enfants saines au cours du premier mois de vie de l’enfant pourraient prévenir les maladies mentales et la tension artérielle à l’âge adulte
Les relations entre parents et enfants non-harmonieuses; par exemple la négligence émotive et physique et/ou l’abus physique, émotionnel et sexuel des bébés provoquent des changements physiologiques chez ces individus. Les évidences cliniques démontrent des impacts majeurs à long terme produits sur leur santé mentale.
La susceptibilité de développer certaines maladies mentales serait causée par des stress post-traumatiques de l’enfance qui se poursuivent au cours de la vie adulte. Ces jeunes adultes qui ont été négligés ou abusés à un âge précoce ou qui ont des expériences de stress post-traumatique auraient un risque plus élevé de souffrir de dépression ou d’un trouble de l’anxiété. Les changements hormonaux et neuronaux associés à la dépression entraîneraient à leur tour une augmentation de la tension artérielle et du rythme cardiaque.
Ce sont ces profondes associations entre le stress à un âge précoce et le développement futur de désordres reliés au stress qui a guidé le Dr Christopher R. Pryce, du Behavioural Neurobiology Laboratory de la Swiss Federal Institute of Technology de Zürich en Suisse à effectuer des recherches expérimentales sur les primates dans le but de développer des nouvelles thérapies pharmaceutiques et possiblement des thérapies comportementales pour soigner ces désordres. Il en a résulté que les singes négligés lors du premier mois de leur vie sont moins intéressés par les interactions sociales qui sont, typiquement, chez les humains et les primates, l’aspect le plus important de leur vie. Devant l’opportunité d’effectuer un comportement très simple, appris, afin d’obtenir une récompense habituellement très prisée (en l’occurrence un lait frappé à la banane) ces singes négligés à un âge précoce étaient beaucoup moins motivés que des singes traités normalement. C’est ce qu’on appelle le phénomène de l’anhedonia (l’inhabilité d’obtenir du plaisir d’expériences normalement plaisantes), très fréquemment observé chez les personnes atteintes de dépression et autres troubles mentaux. Ces résultats suggèrent fortement que les trajectoires de vie et la susceptibilité à la dépression peuvent être grandement influencées par les expériences vécues dans la petite enfance. Il est donc crucial de considérer cette période de la vie comme vulnérable et donc d’orienter les politiques de prévention des maladies vers ce groupe d’âge.
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