Lettre d'opinion de Camillo Zacchia, Ph.D.
11-07-2013
Avec la fin de la mise en berne, l'Institut Douglas souhaite dire aux gens de Lac-Mégantic qu'ils restent présents dans ses pensées et exprime ses plus profondes sympathies aux proches des victimes.
Lac-Mégantic a été la scène d’une grande tragédie et la première chose que nous voulons faire est d’alléger le fardeau des victimes. Mais, comment apaiser la souffrance d’une personne qui a perdu un enfant, un ami ou un proche?
L’un de nos réflexes, en tant que société, est d’offrir de l’aide psychologique en envoyant sur place des équipes de spécialistes de la santé mentale. Malheureusement, même si ce besoin existe, nous n’avons pas la capacité d’y répondre.
Lorsque j’interviens personnellement auprès d’une personne ou d’une famille, à la suite d’une mort tragique comme un suicide ou un accident, je le fais avec un grave sens des responsabilités et le désir d’aider. Bien que ce soit toujours apprécié des familles endeuillées, il ne s’agit que d’une goutte dans l’océan de leur chagrin.
Cela nous mène à une question importante, mais déconcertante : « L’aide psychologique est-elle utile, à la suite d’une tragédie? »
Venir en aide aux victimes
Dans les heures qui suivent une tragédie, des équipes de psychologues et d’experts sont souvent mobilisées. L’aide professionnelle est utile mais le besoin le plus important et le plus immédiat de chaque victime est de pouvoir se défouler et parler de son expérience avec des personnes de confiance. Il s’agit habituellement d’ami-es, d’autres témoins et de membres de leur famille. Les experts, ça va, mais quand arrive un traumatisme, rien ne se compare aux bras d’une personne aimée. Soyez là pour la personne en détresse, mais laissez-lui de l’espace.
Une réaction normale
Il n’existe pas de réaction universelle ou « correcte » à la suite d’un traumatisme. Certaines personnes demeurent stoïques et introverties, alors que d’autres sont complètement submergées par l’émotion, avec des larmes et des tremblements incontrôlables. Ce sont là des réactions normales, comme l’est la tendance de revivre les images bouleversantes. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de vivre ces émotions. Si nous les laissons venir et les acceptons, elles deviendront plus faciles à surmonter avec le temps.
Quand les choses ne s’arrangent pas
Même si la majorité des victimes retrouvent leur état d’esprit normal, quelques-unes d’entre elles verront leur condition s’aggraver progressivement. Elles peuvent alors développer un trouble de stress post-traumatique qui les amène à revivre constamment le traumatisme initial. Cette condition risque plus d’affecter les personnes ayant déjà vécu d’autres traumatismes ou celles qui sont plus vulnérables. Elles peuvent commencer à éviter tout ce qui leur rappelle l’événement. Ce faisant, elles compromettent graduellement leur confiance en soi et renforcent l’idée que le monde est un endroit dangereux. En bout de ligne, elles se retrouvent complètement emprisonnées par leurs craintes.
Une fois suffit
Nous ne pouvons jamais effacer de notre passé les événements à caractère traumatisant. En bout de ligne, nous n’avons pas vraiment d’autre choix que celui de faire face à notre inconfort et de retrouver le cours normal de notre vie. Avoir été victime une fois suffit. L’évitement ne peut qu’aggraver la douleur jour après jour.
Camillo Zacchia, Ph.D.
Psychologue – Institut Douglas