L'espoir réside dans un diagnostic précoce
08-01-2008
La maladie d’Alzheimer est la maladie neurodégénérative la plus commune chez nos aînés. Bien que nous ayons fait énormément de progrès dans la compréhension de cette maladie, il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement servant à freiner sa progression. Les gens qui en sont atteints doivent faire face au déclin, parfois rapide, de leur autonomie. Le meilleur espoir pour ces patients réside dans la possibilité de diagnostiquer et de traiter la maladie avant que les symptômes de démence apparaissent. C’est en visant cet objectif que des chercheurs entament de nouveaux programmes de recherche. Ils utiliseront, entre autres, l'imagerie cérébrale afin de confirmer un diagnostic de la maladie d'Alzheimer aux tous premiers stades de son développement. Un traitement à ce moment de la maladie pourrait avoir le meilleur impact pour en stopper l’évolution.
Au cours de l’année 2007, plus de 97 000 Canadiens ont été atteints de démence, souvent causée par la maladie d’Alzheimer. Le diagnostic clinique de cette condition se définit comme un déclin progressif des capacités intellectuelles ayant un impact sur le déroulement de la vie quotidienne. La prévalence de la maladie augmente substantiellement à travers le monde en raison du vieillissement global de la population. La priorité est maintenant de tenter de renverser cette tendance en découvrant des thérapies qui stopperont la progression de la maladie d’Alzheimer.
Lorsqu'un qu’un diagnostic de démence est établi chez un patient, les dommages au cerveau se sont déjà produits. La thérapie actuelle vise à traiter les symptômes cliniques, mais s’attarde peu à la réparation des tissus ou à la diminution de la progression de la maladie. De nouvelles stratégies de diagnostics précoces permettront au traitement d’être appliqué plus rapidement, et ce, avant que la maladie ne fasse de ravages. La plupart des médecins et des chercheurs s’entendent sur le fait qu’une intervention durant les premiers stades de la maladie, que ce soit un changement dans le style de vie ou une nouvelle médication, pourrait permettre aux patients d’avoir du temps précieux « en banque » Un diagnostic précoce pourrait également valider les symptômes pré-Alzheimer d’un individu, et lui permettre de mieux planifier les années à venir. De plus, des patients diagnostiqués très tôt pourront participer à des essais cliniques visant à établir de nouvelles thérapies qui pourraient potentiellement retarder et même freiner la progression de la maladie d’Alzheimer.
Le Douglas se joint à un consortium international de recherche
Dès le début de l’année 2008, l’Institut universitaire en santé mentale Douglas implantera un nouveau programme de recherche consacré à la détection précoce de l’Alzheimer. L'Institut se joindra à un consortium formé d'autres centres de recherche en Europe et en Amérique du Nord, utilisant l'imagerie cérébrale afin de diagnostiquer la maladie. Des recherches antérieures en imagerie cérébrale suggèrent que la tomographie par émission de positrons (TEP) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) produisent des résultats de mesures plus précis et réguliers sur la progression de l’Alzheimer que ceux des outils d’évaluations actuellement disponibles. L’étude du Douglas, d’une durée de cinq ans, se fera en collaboration avec l’Institut neurologique de Montréal. Cette étude prévoit recruter des individus aux prises avec divers symptômes pré-Alzheimer, telles que des pertes de mémoire. Les individus qui recevront un diagnostic positif de la maladie pourront également participer à des essais cliniques. Nous espérons que les conclusions de cette étude confirmeront que l'imagerie cérébrale est une option de diagnostic à privilégier et que nos travaux contribueront à améliorer le traitement de cette maladie.
Il s’agit là d’une recherche clé qui pourra éclairer le chemin parfois sombre que doivent emprunter ceux et celles qui souffrent de la maladie d’Alzheimer.
SERGE GAUTHIER, M.D., FRCPC, chercheur au Douglas et directeur de l’Unité de recherche sur la maladie d’Alzheimer du Centre McGill d’études sur le vieillissement