1- Entreprendre une étude de retraçage au Nunavut

«Comment se fait-il, que quand une personne se suicide dans un centre correctionnel, on procède à une enquête mais qu’on ne fait pas la même chose pour les suicides qui ont lieu à domicile? Peut-être devrait-on essayer d’explorer les antécédents de la personne suicidée? Quelle éducation avait-elle reçue?» - Un membre de l’Assemblée législative en 2003.

L’examen des détails des nombreuses vies écourtées par un suicide révèle souvent des modèles. Cette information est cruciale pour mettre en place des programmes de prévention et d’intervention du suicide plus efficaces. Une étude de retraçage est une «autopsie psychologique»; c’est une façon d’en savoir plus au sujet des facteurs de risques et de prévention du suicide auprès de différentes populations.

Débutée en 2005, l’étude actuelle est la première étude de retraçage entreprise dans le Nord canadien et devrait être complétée dans quatre à cinq ans.

Méthodologie

Des entrevues détaillées seront réalisées auprès:

  • Des familles et des proches des victimes, pour comprendre les détails de leur vie. Les intervieweurs s’intéresseront à plusieurs déclencheurs éventuels du suicide, tels les antécédents familiaux, l’historique médical, les expériences à l’école et au travail, le vécu relationnel, la consommation d’alcool et de drogues, les traumatismes liés à des événements de vie et toute tentative antérieure de suicide. Le bureau du Coroner en chef du Nunavut fournira les données concernant les suicides.
  • Des personnes ayant survécu à une tentative de suicide, afin de mieux comprendre ce qui change dans la vie des gens après une telle tentative.
  • Des Nunavummiut qui n’ont jamais tenté de se suicider, ainsi que leurs familles et leurs proches, comme base de comparaison.

2- Mécanismes de résilience chez les jeunes Autochtones: stratégies de guérison et utilisation des ressources

Les solutions aux taux élevés de suicide dans les communautés autochtones doivent provenir de ces communautés elles-mêmes. Nos chercheurs croient qu’il y a beaucoup à apprendre des personnes qui se sont rétablies après avoir traversé une période de conflit et de souffrance. Leurs récits révéleront les racines physiques, psychologiques, sociales et spirituelles de la résilience.

Basée sur une recherche déjà entreprise par Rod McCormick, Ph.D., et ses collègues de Colombie-Britannique, cette composante du projet applique une approche qualitative à la problématique de recherche suivante: « Quels sont les incidents critiques ou les points tournants qui favorisent ou entravent la survie et la guérison chez les jeunes Autochtones suicidaires? »

Objectifs

  • Explorer les expériences de guérison et de rétablissement de jeunes Autochtones qui ont été suicidaires.
  • Utiliser les prises de conscience et les expériences des participants autochtones pour identifier d’éventuelles interventions pouvant faciliter la guérison et réduire le nombre de suicides.

Cette recherche est menée dans huit sites différents au Canada, soit une communauté autochtone rurale et une communauté autochtone urbaine dans chacune de quatre régions du pays (Ouest, Centre sud, Est et Nord). Cette diversité de sites permettra à l’équipe d’identifier des aspects de la résilience et du rétablissement liés aux dimensions géographiques, sociales et culturelles des différentes communautés.

3- Élaborer un programme d’intervention en prévention du suicide

En se basant sur les résultats de l’étude de retraçage et de l’étude sur la résilience, l’équipe collaborera avec des membres et des partenaires de chaque communauté pour élaborer un programme de prévention du suicide sensible à la réalité culturelle autochtone.

4- Créer une stratégie de transfert des connaissances fondée sur les principes de la recherche participative

Un objectif important de l’équipe est d’arriver à transférer des connaissances aux membres de la communauté par la mise en oeuvre des principes établis de recherche participative communautaire.

Un processus de communication à deux sens

  • Les communautés et les participants possèdent des connaissances et des expériences qu’ils souhaitent partager en vue de mieux comprendre les problèmes de santé mentale, le mieux-être et la résilience.
  • L’équipe de recherche, de son côté, veut partager, avec ses partenaires de la communauté, les étudiants, les professionnels de la santé et le personnel de soutien, des méthodes de recherche et un savoir spécifique provenant d’études antérieures.
Méthodologie

Le transfert de connaissances se fera par le biais de séries de rencontres, d’ateliers, de publications et de présentations.

5- Développer la capacité canadienne de recherche sur la prévention du suicide auprès des populations autochtones

Un autre objectif important de l’équipe est de promouvoir la formation sur la recherche en santé liée au suicide pour les populations autochtones du Canada.

Objectifs

  • Promouvoir, partout où c’est possible, la formation de chercheurs, d’étudiants et d’assistants de recherche autochtones.
  • Tenir des réunions et des ateliers annuels auxquels pourraient participer des étudiants, des cliniciens et des planificateurs de services de santé, afin de mieux se renseigner au sujet des méthodes et des résultats de recherche.
  • Organiser un atelier sur les méthodes de recherche concernant le suicide chez les Autochtones, en lien avec le Programme d’été en psychiatrie culturelle et sociale de l’Université McGill, dirigé par Laurence Kirmayer, M.D. Cet atelier incitera des spécialistes de calibre international à venir partager leurs compétences et discuter de méthodes novatrices pour de futures recherches.