On a diagnostiqué chez une amie un trouble bipolaire II. Pourrait-il s'agir d'une erreur de diagnostic?
C'est possible. On voit parfois des gens recevoir un diagnostic de trouble bipolaire à cycle rapide, parce que leur humeur change constamment. Mais il arrive souvent que l'on confonde une volatilité émotive avec le trouble bipolaire. Une personne qui a des sautes d'humeur n'est pas nécessairement bipolaire. La personne qui vit des hauts et des bas peut le faire parce qu'elle voit tout de façon exagérée – en raison de son caractère histrionique, limite ou autre, ou à cause d'une anxiété extrême. Ces situations sont très différentes du trouble bipolaire, où les fluctuations d'humeur sont moins liées aux circonstances.
On constate parfois de l'hypomanie chez les gens qui prennent des antidépresseurs. Au moment où ils émergent de la dépression, leur humeur devient légèrement plus agitée qu'à la normale. Il arrive que les gens qui souffrent de dépression subissent des sautes d'humeur, selon leur réaction à leur milieu. Ce sont des gens très hyperactifs et sensibles.
La dépression peut aussi se combiner à certains des problèmes de personnalité dont nous avons parlé, lorsque des personnes sont très émotives et sensibles au rejet, qu'elles vivent de brusques élans et retraits amoureux, qu'elles sont très heureuses une journée et très malheureuses le lendemain. Cette combinaison peut ressembler à une condition bipolaire II, mais c'est plus probablement la combinaison d'une dépression et d'autre chose. La meilleure façon d'en juger est de prendre le temps de se familiariser avec les gens. D'habitude, les changements associés au trouble bipolaire II s'étendent sur une longue période, de façon répétitive. Si vos sautes d'humeur ont lieu en une journée, cela ne se compare pas à six mois de dépression, puis trois mois d'enthousiasme, comme ce que l'on voit plus souvent avec le trouble bipolaire.
-Mimi Israël, M.D.
Quels sont les risques qu'un enfant soit diagnostiqué bipolaire si un de ses parents est diagnostiqué bipolaire ?
La réponse est 10%
Est-il vrai que le fait d’être atteint de troubles bipolaires accroît le risque de développer la maladie d’Alzheimer?
Des épisodes répétés de dépression peuvent endommager le cerveau; cela l’affectera au point d’affaiblir votre capacité de concentration, etc. Cela est parfois dû au dosage des médicaments. Nous étudions également ce problème. Y a-t-il plus de risques de développer la maladie d’Alzheimer? Le chercheur Vasavan Nair de l’Institut Douglas y travaille depuis de nombreuses années et qu’il n’est pas du tout convaincu que cela soit le cas. Rien ne le prouve.
-Serge Beaulieu, Ph.D., École Mini-Psy, 2009
Quelles seraient les conséquences de diagnostiquer un patient atteint d’un trouble bipolaire comme ayant uniquement une dépression unipolaire?
Cela aurait pour conséquences de lui fournir un traitement qui ne produirait pas nécessairement de bons résultats. La difficulté tient également au fait que la dépression est un spectre et non un diagnostic tranché. Je rencontre de nombreux patients qui ont traversé cinq, six, sept, voire dix dépressions dans leur vie. Des cas graves, parfois traités au moyen d’électrochocs. Ils me sont ensuite référés parce qu’ils connaissent un nouvel épisode dépressif. Lorsque vous rencontrez de tels schémas, il faut vous demander ce que vous traitez : une dépression unipolaire ou une variante de dépression bipolaire? Cela signifie peut-être simplement que personne n’a remarqué ou pu prouver la présence de symptômes hypomaniaques ou maniaques auparavant.
-Serge Beaulieu, Ph.D., École Mini-Psy, 2009
Existe-t-il une différence de prévalence des troubles bipolaires entre les différentes communautés ethniques?
Le trouble bipolaire est une maladie très démocratique. Je vois des patients arriver en Mercedes, d’autres à pieds ou à bicyclette, certains sont pauvres, d’autres multimillionnaires. Je vois autant de femmes que d’hommes, de toutes les cultures. Mais il existe des différences culturelles en ce qui a trait à l’interprétation et à la perception des comportements. Dans ce cas, nous nous adressons à la famille et aux amis. Même culture, même tradition et même points de référence. Facile.
-Serge Beaulieu, Ph.D., École Mini-Psy, 2009
Est-ce possible de déceler la bipolarité chez l’enfant et à partir de quel âge?
Des recherches ont révélé qu’avant l’âge de 16 ans, les maladies bipolaires sont assez rares. Cela ne veut pas dire que la maladie bipolaire chez les très jeunes n’existe pas. J’ai déjà vu un enfant de 11 ans qui présentait un tableau clairement maniaque. Aux États-Unis, il y a eu tout un courant de pensée dans les années 2000 qui prônait que les troubles bipolaires pouvaient survenir chez les 6 à 12 ans, surtout si les parents biologiques souffraient également de maladies affectives bipolaires. Nous devons faire très attention car il est difficile de déterminer si un enfant est atteint d’un trouble bipolaire, de dépression bipolaire ou d’un autre trouble mental.
L'autre problème est que le traitement de la maladie bipolaire repose sur le lithium. Or, le lithium occasionne beaucoup d’effets secondaires. Devrait-on mettre un enfant de 7 ou 8 ans sous une médication comme cela pour la vie?. On essaie donc de retarder la médication et on essaie de gérer autrement les difficultés.
- Johanne Renaud, M.D., École Mini Psy 2010