La médication est-elle la seule réponse aux troubles de l'alimentation?
Il y a plusieurs manières de traiter l'anorexie, la boulimie ou tout autre types de troubles de l'alimentation. Avec des médicaments bien sûr, mais aussi par la psychothérapie et par les interventions nutritionnels qui aident les individus à maîtriser leur peur de manger et leurs obsessions avec le poids.
Quels sont les traitements offerts aux personnes atteintes d’hyperphagie boulimique non suivie de purgation?
Il existe des traitements connus mais je dois dire que le système de santé n’a pas élaboré de bons programmes spécialisés pour les personnes qui souffrent de problèmes ou de troubles d’hyperphagie boulimique. Notre programme actuel traite l’anorexie mentale et la boulimie. De ce fait, nous sommes dépassés par les besoins de la collectivité. Et ces troubles nécessitent des traitements légèrement différents de ceux utilisés dans les cas d’hyperphagie boulimique. Les cliniques de perte de poids ont des connaissances en ce qui a trait au traitement de ce type de troubles. L’organisme communautaire ANEB offre un soutien en groupes aux personnes qui souffrent d’hyperphagie boulimique. Les médecins et le personnel compétents des hôpitaux généraux connaissent également la démarche à adopter à l’égard de ces troubles. Comment faire? Vous devez aider les gens à cesser les régimes. Ils sont à la base de l’hyperphagie boulimique. Il est important d’aider les gens à mettre en place une alimentation structurée et équilibrée, et à faire un peu d’exercice. Certains médicaments peuvent également aider à contenir l’hyperphagie. Dans des cas extrêmes, les médicaments tels que le Topiramate ou un stabilisateur d’humeur peuvent aider les gens à limiter leur appétit jusqu’à ce qu’ils en reprennent le contrôle.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Comment inciter une personne atteinte de trouble de l’alimentation à demander de l’aide?
Il s’agit de ne pas faire pression sur la personne ni de la forcer. En général, les amis, les parents et les membres de la famille doivent se montrer suffisamment courageux pour être ouverts quant à leurs préoccupations. Vous pourriez dire : «J’ai l’impression que la nourriture t’effraie ou il semble y avoir un problème. Aimerais-tu en parler?» Si la personne y est disposée, essayez de l’aider à se rendre compte qu’il existe des solutions à ce genre de choses et qu’elle peut se faire aider. C’est une partie de la solution.
L’autre partie consiste à respecter et à comprendre le fait que les gens n’entreprendront pas cette démarche avant d’y être prêts et ils ne le seront pas selon vos disponibilités. Cela signifie donc qu’il faudra parfois contenir votre anxiété, respecter et faire confiance à la personne afin qu’elle s’y prépare pas à pas. Il existe toutefois des exceptions à cette règle; lorsque vous voyez qu’une personne semble réellement en danger, qu’elle est terriblement émaciée ou qu’elle perd connaissance sur le sol du salon, vous devez vous assurer qu’un professionnel intervienne, quel qu’il soit.
Forcer les gens à s’alimenter n’accélère pas leur rétablissement. C’est un voyage que les gens doivent entreprendre. Pour certains, il est long et très douloureux – toujours plus long qu’on ne le voudrait. Par conséquent, en tant que membre de la famille, qu’ami ou que soignant, vous devez avoir la volonté de laisser ce processus se dérouler complètement.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009
Est-ce que les antidépresseurs peuvent aider les personnes souffrant de troubles de l’alimentation?
Les inhibiteurs spécifiques du recaptage de la sérotonine sont un type d’antidépresseurs. Le premier était le Prozac; le Celexa en est un autre exemple. Les gens avaient tendance à penser que ces médicaments aidaient les personnes souffrant de troubles de l’alimentation parce qu’ils atténuaient leur dépression. Et cela est peut-être en partie vrai. Mais nous avons par la suite constaté qu’il n’était nul besoin d’être déprimé pour tirer parti de ces médicaments. Être déprimé n’est pas un facteur prédicteur. De nombreuses données probantes montrent que la production de sérotonine a des répercussions directes sur les pulsions hyperphagiques ou qu’elle participe aux comportements similaires. Nous avons mené des études sur la « déplétion en tryptophane ». Le tryptophane est un acide aminé utilisé par le cerveau pour produire de la sérotonine. Nous avons eu recours à une méthode, mise au point par Simon Young de l’Université McGill, qui consiste à faire boire à une personne une boisson lactée qui inhibe la sécrétion de tryptophane dans le cerveau. Cela a pour effet de réduire temporairement la production de sérotonine. Si vous souffrez de boulimie, cela accroît vos pulsions hyperphagiques. Par conséquent, la sérotonine influe directement sur votre appétit.
-Howard Steiger, Ph. D., École Mini Psy 2009