Deux nutritionnistes du Douglas ont écrit au journal La Presse pour dénoncer le catalogue de la rentrée du magasin Simons qui met en scène de jeunes adolescentes ultra minces.

Anick Leclerc et Francine Duquette sont toutes deux diététistes nutritionnistes à l’Institut Universitaire de santé mentale Douglas. La première travaille au programme des adolescents au prise avec un problème de trouble alimentaire et l’autre est mère de 3 filles dont une a déjà souffert et été hospitalisée pour anorexie nerveuse.

Il est triste de constater que malgré tout ce qui a été dit et écrit par les experts sur la progression des troubles alimentaires et leurs effets dévastateurs sur ceux et celles qui en souffrent, certains publicitaires, concepteurs de catalogue de mode et propriétaires de commerces de vêtements n’ont encore rien compris. En feuilletant le catalogue Rentrée Twik 2008 du magasin Simons, nous avons été frappées par la maigreur des mannequins présentées. L’industrie de la mode vient donc ainsi foutre en l’air tous les efforts et programmes de prévention des troubles alimentaires mis en place par les professionnels de la santé, le gouvernement, les parents et les enseignants. N’ont-ils pas encore compris que les jeunes qui regardent ces photos de mode ne s’attardent pas autant aux vêtements présentés qu’à la silhouette des mannequins qui en fait n’a rien de réaliste. Quand vont-ils réaliser que l’anorexie et la boulimie sont des maladies potentiellement mortelles et qu’elles causent des ravages psychologiques (dépression, obsession, compulsion,…) et physiques (fracture des os, anémie, arythmie cardiaque, problèmes gastriques sévères,…) chez les personnes qui en sont atteintes sans mentionner l’impact sur leurs proches. Ont-ils une idée des coûts des soins de santé engendrés par ces maladies?

Ces publicités n’engendreront pas obligatoirement des troubles alimentaires chez tous les jeunes mais peuvent certainement entraîner des préoccupations excessives vis-à-vis le poids et l’image corporelle. Ces photos reflètent-elles l’image d’un corps en santé et des valeurs que nous voulons transmettre à nos enfants? Ne voulons-nous pas qu’ils grandissent et s’acceptent même si leur silhouette ne correspond pas à ces standards établis par le monde du prêt-à-porter?

Notre expérience professionnelle et personnelle nous pousse à dénoncer la publication d’images qui peuvent causer des torts à notre jeune société. Nous croyons grandement qu’il est temps que les bonzes de la mode prennent conscience du pouvoir qu’ils exercent sur les jeunes et qu’ils contribuent à faire grandir leur estime de soi dans une société qui est en voie d’accepter des corps en santé de tous formats.
Bonne rentrée scolaire,

Francine Duquette, Diététiste professionnelle
Anick Leclerc, Diététiste professionnelle