Les troubles bipolaires, qui sont aussi connus sous le nom de psychose maniacodépressive, sont des maladies qui entraînent des dérèglements de l'humeur se manifestant par des phases tant de dépression que d'excitation (manies). Ces phases apparaissent soit en réaction au stress, soit sans raison apparente et peuvent être d'intensité variable et s'entrecouper de périodes de stabilité. C'est une condition médicale qui est caractérisée par des changements dans le fonctionnement du cerveau.
Il arrive à tout le monde de vivre des périodes de bonheur, de tristesse, d'excitation et d'être confronté à certaines difficultés. Cependant, dans le cas des troubles bipolaires, ces changements sont hors de proportion. Ils atteignent une intensité telle que la personne ne réalise pas qu'elle dépasse les bornes, ou encore, la personne souffre tellement de sa dépression qu'elle en est paralysée et est hantée par des idées suicidaires. Cet état amène des problèmes avec la famille, au travail, des problèmes financiers, parfois judiciaires. La maladie peut conduire à l'hospitalisation.
Les symptômes
En phase dépressive :
- Sentiment de tristesse, humeur dépressive pratiquement toute la journée, presque tous les jours et pendant au moins deux semaines
- Perte d'énergie et fatigue
- Perte de l'intérêt et du plaisir
- Troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie)
- Troubles de l'appétit avec perte ou gain de poids
- Agitation ou ralentissement psychomoteur
- Baisse de concentration ou de l'aptitude à penser, ou indécision
- Sentiments de culpabilité
- Soudain retrait social ou comportements agressifs subits
- Pensées de mort récurrentes (60 % des cas); idées suicidaires récurrentes (15 % des cas)
En phase de manie :
- Estime de soi augmentée ou idées de grandeur
- Énergie débordante et bonheur intense ou irritabilité excessive
- Réduction du besoin de sommeil
- Débit de la parole accéléré ou besoin de parler sans arrêt
- Pensées rapides ou sensation d'un trop plein d'idées
- Distractivité : incapacité à fixer son attention
- Recrudescence de l'activité aux plans social, professionnel ou scolaire
- Agitation psychomotrice, augmentation de l'énergie
- Plaisirs augmentés de façon excessive et à haut risque de conséquences négatives : achats, sexualité, investissements financiers
- Les personnes affectées peuvent également faire l'expérience d'idées délirantes (des croyances fermes, mais impossibles) et d'hallucinations. Les périodes de manie peuvent varier en intensité.
Différence entre manie et hypomanie
La manie se définit par la présence, pendant un minimum d'une semaine, d'une altération significative du fonctionnement pouvant conduire à l'hospitalisation ou à l'apparition de symptômes psychotiques (hallucinations, délires, paranoïa). Dans l'hypomanie, la durée des symptômes peut être plus courte, soit d'environ quatre jours. Ces symptômes n'entraînent pas de diminution significative du fonctionnement; bien au contraire, les personnes en phase d'hypomanie sont souvent plus fonctionnelles qu'à l'habitude (augmentation de l'énergie, meilleure concentration, plus grande sociabilité). Cette phase de la maladie peut même paraître attrayante aux yeux de la personne qui en souffre, mais elle peut aussi décourager certaines gens à vouloir recevoir ou poursuivre un traitement pour ces troubles.
Vidéos de l'École Mini Psy
L'humeur en montagnes russes - Bipolaire ou borderline ? (2011) |
Les hauts et les bas des troubles bipolaires (2009) |
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Qui en est atteint?
Les premiers symptômes se déclenchent généralement entre l'âge de 15 et 25 ans. Par contre, les symptômes plus graves apparaissent habituellement vers l'âge de trente ans.
Autant d'hommes que de femmes sont atteints de troubles bipolaires.
Les causes
Les troubles bipolaires ne sont pas encore tout à fait compris par les chercheurs. Par contre, certaines évidences démontrent que ces troubles impliquent plusieurs gènes, rendant ainsi les symptômes et les traitements différents pour chaque individu, et expliquent l'incidence plus élevée dans une même famille.
Les déclencheurs de la maladie chez les personnes vulnérables génétiquement comprennent : l'utilisation de stimulants ou de drogues, un niveau élevé de stress et un manque de sommeil.
Les traitements
Les traitements biologiques, psychologiques et communautaires des troubles bipolaires ont pour but d'améliorer l'état général de la personne atteinte en tenant compte des différents facteurs biopsychosociaux en cause. Avec un traitement approprié, la plupart des personnes bipolaires peuvent vivre une vie satisfaisante et fonctionnent bien à la maison et au travail.
Le traitement biologique
Dans les troubles bipolaires, les stabilisateurs d'humeur sont la pierre angulaire du traitement. Ces médicaments ne sont ni des «stimulants» ni des «calmants». Comme leur nom l'indique, ils stabilisent l'humeur et la maintiennent à un niveau adéquat. Couramment les personnes qui souffrent de troubles bipolaires ont recours à un traitement médicamenteux pendant des années, et en général à vie. Il existe trois principaux stabilisateurs de l'humeur utilisés dans le traitement et la prévention de la maladie bipolaire : le Lithium (lithium), l'Épival (divalproex) et le Tégretol (carbamazépine). Il existe d'autres traitements biologiques.
Les psychothérapies
De plus, il est possible de suivre une psychothérapie. La psychoéducation est une thérapie très efficace pour les gens qui souffrent de troubles bipolaires. Le but est de développer des stratégies d'adaptation ou de prévenir les épisodes de manie en régulant le sommeil, l'alimentation et la pratique d'activités physiques. Une session d‘information peut être offerte aux familles dans le cadre de cette thérapie. Il existe également d'autres thérapies bénéfiques et efficaces, comme la thérapie cognitivo-comportementale. Quant à la communauté, elle propose de nombreux services permettant aux personnes atteintes un meilleur rétablissement.
La triade : stabilisateur de l'humeur, hygiène de vie (routine) et travail personnel (psychoéducation) sont généralement le chemin vers la stabilité.
La recherche au Douglas
Les scientifiques qui se spécialisent dans la recherche sur les troubles bipolaires à l’Institut Douglas sont:
- Serge Beaulieu, M.D., Ph.D.
- Andrée Daigneault, M.D. FRCPC
- Hani Iskandar, M.D.
- Ridha Joober, M.D., Ph.D.
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